Plusieurs facteurs vont influencer la décision des parents. Des cliniques publiques avec équipes multidisciplinaires sont disponibles dans certains hôpitaux, comme Ste-Justine et le CHUS, pour évaluer un trouble d’apprentissage global avec la référence d’un médecin et un rapport orthopédagogique. Les délais d’attente sont toutefois très longs. Plusieurs parents se tournent vers le privé. Les coûts peuvent alors varier d’environ 800 $ à plus de 2000 $, selon les professionnels, le type d’évaluation et la gravité du trouble!
L’évaluation, un acte parfois réservé
En 2012, le gouvernement a émis le projet de loi 21 qui modifie le Code des professions et spécifie les actes réservés en santé mentale pour les professionnels membres d’un ordre professionnel. Les troubles d’apprentissage sont classifiés parmi les troubles mentaux et quelques professionnels peuvent les évaluer, selon leur spécialité : audiologiste, conseiller en orientation, ergothérapeute, médecin, psychoéducateur, psychologue/ neuropsychologue, orthophoniste. Comme l’orthopédagogue ne fait pas partie d’un ordre professionnel, ses fonctions n’y sont pas reconnues. Par contre, un comité d’experts a été mis sur pied, en avril 2013, pour examiner la situation des orthopédagogues et préciser leur rôle (rapport de l’OPQ 2014).
La loi distingue les activités réservées et celles qui ne le sont pas. L’évaluation d’un élève présentant des difficultés d’apprentissage (lecture, écriture, math) en vue d’établir un plan d’intervention n’est pas une activité réservée. L’orthopédagogue peut donc évaluer un élève pour vérifier s’il présente des indicateurs de la dyslexie. Par contre, elle ne peut pas émettre de diagnostic. Elle n’est pas non plus formée pour évaluer si l’élève présente des signes de TDA/H, ce qui relève de la psychologie ou de la neuropsychologie.
Les actes réservés
Voici ce que dit le guide explicatif : (OPQ, 2013)
3.6.11. Évaluer un élève handicapé ou en difficulté d’adaptation dans le cadre de la détermination d’un plan d’intervention en application de la Loi sur l’instruction publique
Ce qui est réservé
L’évaluation effectuée par les professionnels suivants, dans le cadre de leurs fonctions respectives :
- psychologue : fonctionnement psychologique et mental;
- conseiller d’orientation : fonctionnement psychologique, ressources personnelles et conditions du milieu;
- psychoéducateur : difficultés d’adaptation et capacités adaptatives;
- orthophoniste : fonctions du langage, de la voix et de la parole;
- audiologiste : fonctions de l’audition;
- ergothérapeute : habilités fonctionnelles;
- médecin : évalue et diagnostique toute déficience de la santé.
Le médecin est le seul professionnel habilité à poser un diagnostic. Les autres professionnels peuvent toutefois procéder à des évaluations dans le cadre de leur champ d’exercices respectif et émettre des conclusions.
Ce qui n’est pas réservé : les difficultés ou troubles d’apprentissage
Les activités suivantes ne sont pas réservées et peuvent donc être réalisées par l’ensemble des professionnels et intervenants :
- Procéder à la détection, au dépistage et à l’appréciation des difficultés d’adaptation ou des besoins d’un élève handicapé ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage;
- Procéder à l’évaluation des besoins d’un élève en vue d’établir un plan d’intervention ou de mettre en place les interventions pédagogiques ou orthopédagogiques appropriées;
- Évaluer la capacité à lire ou à raisonner à l’aide de concepts mathématiques;
- Évaluer le retard scolaire d’un élève.
Par contre, dans les cégeps et les universités, le diagnostic par le médecin ou l’évaluation par un professionnel habilité pour évaluer un élève handicapé ou en difficultés d’adaptation (médecin, psychologue/ neuropsychologue, orthophoniste) est obligatoire pour qu’une personne ait accès, par exemple, à des services ou à des subventions.
L’orthopédagogue peut alors travailler en comité disciplinaire avec les autres spécialistes et/ou un médecin qui posera le diagnostic final.
Pour plus d’information sur l’évaluation orthopédagogique, consulter l’article suivant :
Office des professions du Québec (OPQ) (2013). Le projet de loi 21. Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines. Guide explicatif. Québec, Canada : Office des professions du Québec. Document téléchargé sur : https://www.opq.gouv.qc.ca/ fileadmin/documents/Systeme_professionnel/Guide_explicatif_decembre_ 2013.pdf
Office des professions du Québec (OPQ) (2014). La situation des orthopédagogues au Québec. Groupe de travail sur le rôle des orthopédagogues dans l’évaluation des troubles d’apprentissage. Québec, Canada : Office des professions du Québec. Document téléchargé sur : https://www.opq.gouv.qc.ca/fileadmin/ documents/Systeme_professionnel/PL_21/2014_Rapport_orthopedagogues.pdf